Visite de l'ANP au Festival Européen de la Photo de Nu à Arles

16/05/2012 18:36

Dans le plus simple appareil

 
 

Publié le mercredi 16 mai 2012 à 16H29

Des naturistes marseillais sont venus hier soir visiter les expositions du festival européen de la photo de nu

Hier, à la chapelle Sainte-Anne, le public a été accueilli par des naturistes. Près de 70 personnes ont visité l'exposition.

Hier, à la chapelle Sainte-Anne, le public a été accueilli par des naturistes. Près de 70 personnes ont visité l'exposition.

Photo édouard coulot

20heures, hier soir. Les portes de la chapelle Sainte-Anne (désacralisée, rappelons-le d'emblée) s'ouvrent. Un sommaire panneau donne le ton. "Information, présence de personnes nues à l'exposition", peut-on lire dans le sas d'entrée de l'édifice. L'écriteau peut surprendre. Mais, ne dissuade pas. Dès l'entame, les guides arborent un loup pour masquer leurs visages. Et c'est tout. Ils sont nus. Le public (environ soixante-dix personnes) qui s'était massé sur les marches de l'escalier, entre naturellement, ou presque. Les visiteurs passent, sous les applaudissements, de la haie d'honneur improvisée par les naturistes. L'ambiance est conviviale. L'essai transformé.

A l'origine de cette visite insolite, les naturistes phocéens. Hier soir, ils étaient seize, à mener cette action. Une grande première pour eux, qui se demandaient, quelques minutes avant, quelles allaient être les réactions du public.

"En nous lançant dans cette action, nous n'avions qu'un but : faire réfléchir les gens sur la nudité en général, explique Bruno Saurez, président des naturistes phocéens. Dans les villes, on voit des photos de nu, les statues sont nues, et la nudité est taxée d'exhibitionnisme. Pour nous, au contraire, elle est tout à fait normale. La place du corps dans la société, c'est un enjeu pour les militants que nous sommes".

Des militants qui ont mené hier soir leur première action du genre. "Ça existe déjà dans des pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, portant voisins, mais qui ont une toute autre approche que celle que l'on connaît en France. Ici, par exemple, personne ne peut organiser les sorties baptisées "cyclo nu", qui existent dans quatorze pays. Ici, dès qu'on évoque le sujet, on nous menace d'envoyer les CRS..."

Les militants abrités derrière leur loup ont aussi voulu jouer la carte artistique, puisque des dessinateurs étaient là pour reproduire leurs corps. "Le fait qu'ils portent un masque, nous permet de s'intéresser d'autant plus au corps", lance un artiste.

Pour le président de l'association, "il est étrange de constater que le nu, en photo, ne choque plus, alors qu'en "vrai", il peut encore engendrer des réactions violentes... Nous ne sommes pas des apollons. Tous les âges sont représentés".

Venir ainsi, hier soir, dans le plus simple appareil, était une belle opportunité de défendre leur cause. "La nudité est saine, elle est naturelle", soulignait une participante. Même si, en définitive, il y avait davantage de gens habillés que de déshabillés, ils ont réussi leur coup, dans un endroit qui abrite, en plus, de la photographie contemporaine. Soit toutes les conditions réunies pour apprendre à changer de regard.

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