La rando-nue

Certaines et certains d'entre vous sont peut-être tentés par les randonues que nous organisons régulièrement.
Pour vous donner une idée de l'ambiance qui y règne, je vous propose le compte-rendu de l'une d'elles écrit par notre ami Serge.

" Samedi 21 septembre 2013 nous sommes cinq au rendez-vous, Christine, Joëlle (une sympathisante), Jacques qui fait son retour parmi nous, Patrick C. et moi-même. Des problèmes de train sont survenus préalablement et nous sommes un peu en retard mais cela n'entame pas notre bonne humeur.
Peu avant Signes, la route du massif étant enfin ouverte depuis quelques jours, nous l'empruntons pour aller stationner à l'abri de Siou Blanc. A la bergerie nous sommes seuls mais quelques instants plus tard des véhicules arrivent et envahissent les lieux.
Nous partons, passons devant quelques avens minuscules et traversons la petite route par laquelle nous sommes arrivés pour suivre un grand sentier en face. Après une barrière ouverte, nous décidons de nous mettre nus.

Il fait un temps magnifique aujourd'hui encore et la température ressentie est douce.
Nous croisons un premier groupe de VTT qui passe si vite qu'ils n'ont vraisemblablement pas remarqué notre nudité. Le chemin se transforme bientôt en un agréable sentier plat qui serpente dans la colline et les sous-bois. Tout à coup nous entendons des voix. Les paréos et shorts rapides sont passés à temps et nous voyons arriver face à nous une demi-douzaine de randonneurs textiles. Nous les abordons comme d'habitude pour leur expliquer que nous randonnons nus et, surprise, l'accompagnateur connait non seulement notre activité favorite mais également Jean-Paul Guido avec qui il a fait un stage de raquettes. Le monde des collines est petit ! Nous y rencontrerons également un autre groupe de VTT et nous assisterons au débat entre l'un des cyclistes (qui nous dira d'ailleurs que nous avons bien raison de randonner nus) et Joëlle sur la possibilité ou non de faire du VTT nu. Un bon moment !
Pour rattraper un peu l'horaire nous ne passons pas voir l'aven du sarcophage qui n'est, en fin de compte, qu'un gros trou. Nous sommes maintenant sur un grand chemin où nous sommes doublés par un 4x4 de chasseurs qui ne nous jettent même pas un regard. Euh au fait ... on peut chasser nu ?
Nous arrivons à un grand carrefour avec une citerne verte d'incendie. J'avais promis une surprise et nous y sommes presque. Nous empruntons un minuscule sentier qui va nous mener à une curiosité unique et peu connue. Il s'agit de l'impluvium d'Orves que je connais également sous le nom de citerne Estienne puisqu'il est situé sur le domaine d'Estienne d'Orves lui-même sur la commune d'Evenos. Cet impluvium constitue encore un élément du patrimoine de nos collines puisqu'il s'agit en fait d'un grand réservoir d'eau de pluie et de ruissellement utilisé il y a très longtemps par les bergers.

Sur la partie aérienne, l'eau a creusé la pierre en réalisant un grand abri sous roche, et, vers le fond, la main de l'homme a fabriqué le réservoir souterrain à l'aide d'énormes pierres verticales et horizontales. Un vrai travail de titan ! Espérons que cette même main ne détruise pas cette merveille ...


Nous revenons sur nos pas et poursuivons notre itinéraire par un sentier sympathique. Il ne le sera pas longtemps puisque nous marchons ensuite sur des lapiaz qui ralentissent notre progression mais, en allant doucement c'est assez ludique.
Nous sommes en vue des quatre antennes du Grand Cap, terme de notre matinée. Au sommet, vers 780 m nous admirons la vue magnifique qui s'étend là encore des Alpes à Marseille, en passant (dans le désordre) par la rade de Toulon, la Ste-Baume, le Garlaban, le Mont Caume, les Iles d'Hyères ...

Le grand cairn devant nous est en fait la ruine d'une pyramide de Cassini (une plaque l'atteste) érigée au XVIII° siècle par cet éminent géographe qui, à l'aide de ce type de monuments, a pu tracer la première carte de France avec la précision de l'époque. Nous sommes loin des cartes IGN mais le travail effectué est néanmoins étonnant.


Derrière la pyramide, nous cherchons et découvrons une géocache qui nous permet d'en expliquer le jeu à Joëlle et Jacques qui ne connaissent pas. En levant la tête, nous apercevons sur un rocher au loin un troupeau de chèvres. Sans s'en occuper, nous trouvons un endroit sympathique et à l'ombre pour déjeuner.
Le temps d'ouvrir les sacs et de commencer à servir le pastis qu'une visiteuse s'invite à l'improviste . Il s'agit d'une superbe chèvre du Rove (munie d'une boucle d'oreille d'identification) très amicale qui se laisse caresser. Mais elle n'est pas venue pour cela car, après avoir renversé le verre de Jacques du revers de la patte et tenté de dévorer son assiette en carton, elle s'attaque à nos sacs que nous devons fermer de toute urgence. Impossible de s'en débarrasser ! Nous sommes obligés de lui jeter des pierres à contrecœur pour qu'elle retourne voir ses copines. Elle reviendra nous voir plus tard mais n'insistera pas.



Nous pouvons enfin remplir nos verres de pastis glacé, prendre la photo de groupe traditionnelle et laisser Patrick C. prononcer les mots magiques "elle est pas belle la vie" marquant le début officiel de nos agapes, accompagnées de rosé frais.

Bien que Christine et Joëlle soient tributaires des horaires de trains nous prenons notre temps avant de repartir. Le chemin descend ensuite tranquillement et nous faisons attention à ne pas rater le sentier sur la gauche comme nous l'avons fait en discutant lors de notre reconnaissance !

Nous traversons la petite route par laquelle nous sommes arrivés et partons sur le chemin en face. A proximité se trouvent deux cavités aux noms sympathiques d'aven du caveau et d'aven de l'extrême onction ! Nous n'éprouvons pas le besoin d'aller les voir.
Plus loin, nous faisons une pause à l'endroit où, lors de notre reconnaissance, le fameux renard était venu nous rendre une étonnante visite. Nous regardons avec attention tout autour de nous, nous attendons un peu qu'il nous apparaisse sortant des broussailles, mais en vain. Notre rendez-vous avec Maître Goupil est raté et nous repartons. Sans doute est-il occupé par quelque noir volatile tenant dans son bec un coulant camembert plus intéressant que cinq naturistes aux sacs vides !
A quelques centaines de mètres de là, nous apercevons des clapiers ou bornes limites. Ce sont de gros murets de trois ou quatre mètres de long, assez larges, disposés de manière à borner les communes à l'époque du cadastre napoléonien. Le nom de "clapier" n'a rien à voir avec l'élevage des lapins mais est dérivé de "clap" voulant dire "tas de pierres".
Vers les Jounces, nous trouvons une nouvelle géocache tout en haut d'un gros rocher avant de retourner vers l'abri de Siou Blanc où la voiture nous attend. Nous nous habillons peu avant et repartons prestement pour ne pas arriver en retard à la gare.
La prochaine randonue est prévue sur la Sainte-Baume, par le chemin aux chèvres où nous ferons encore attention à nos sacs ! Mèèèèèh ... il y a des chèvres à chaque rando alors ?


Serge "